Un résident du quartier au cœur de l’action de la SEM

Depuis sa fondation, la Société écocitoyenne de Montréal (SEM) a développé une approche qui place les résidents, ainsi que l’amélioration de leur qualité de vie, au cœur de son action. En effet, cette approche nous a permis de rencontrer, à travers les années, des résidents extraordinairement impliqués, comme Yves, qui ont à cœur leur quartier et avec qui nous avons développé une relation durable.
Avec cette dernière infolettre de 2021, nous avons cru bon mettre en valeur le travail des bénévoles qui est essentiel à notre organisme. Nous vous proposons donc, sous la forme d’une petite entrevue, le portrait d’Yves Chartrand, un citoyen très impliqué dans le quartier Sainte-Marie. D’ailleurs, nous en profitons pour remercier tous les bénévoles qui contribuent à faire rayonner la SEM et notre quartier!
Pour quelle raison avez-vous choisi le quartier Sainte-Marie pour vous établir et vous impliquer?
L’amour. Il y a près de 15 ans, je suis entré dans une chorale dans le quartier qui s’appelait Histoire de cœur. J’y ai rencontré ma femme, Denise, et depuis j’habite le quartier. C’est d’ailleurs le chef de la chorale, Jean-Michel Lamothe, qui nous a mariés quelques années plus tard, donc pour moi, Sainte-Marie c’est vraiment une histoire de cœur.
Vous êtes engagé depuis longtemps dans le quartier. À quand remonte cette implication et quelles sont les étapes que vous avez franchies pour en arriver à l’implication que vous avez aujourd’hui?
Depuis mon adolescence, j’ai toujours été impliqué. Ça fait tout simplement partie de mon ADN. Moi quand j’habite un quartier, j’aime ça savoir ce qu’il se passe, quels organismes il y a, qui sont les intervenants… En gros, je veux comprendre comment ça marche pour faire avancer un projet.
Pour Sainte-Marie en particulier, mon implication remonte à il y a 15 ans. Comme j’étais déménagé avec ma femme en face du parc Médéric-Martin, ça a commencé avec les Amis du parc Médéric-Martin, un comité d’action citoyenne initié par la SEM pour revitaliser le parc. À l’époque, c’est Marie-Ève, une employée de la SEM, qui nous a approchés pour faire des plantations dans ce parc qui était laissé à l’abandon.
Que préférez-vous le plus dans cet engagement auprès de votre communauté?
Les liens humains. Avant c’était plus les idées, mais en vieillissant, j’accorde beaucoup plus d’importance aux personnes. Par exemple, dans le groupe Centre-Sud Debout, les liens d’amitié ont pris une grande place, si bien que quand le groupe s’est dissout, nous sommes tous restés amis.
D’ailleurs, c’est à travers notre implication au sein de ce groupe qu’est né Bouquet de tendresse, un groupe de chants. En effet, durant la pandémie, nous avons commencé à chanter devant les CHSLD, puis devant les tricoteuses… Toutefois, notre quartier général c’est le parc Médéric-Martin.
Avec le temps, ça devient frustrant d’être en colère et en opposition. Il faut donc rééquilibrer les choses et une des façons de le faire, c’est l’amitié. L’autre c’est la musique et le chant. On est capable de se fâcher, mais aussi de développer des amitiés, de sortir la guitare et chanter.
Selon vous, quel est le rôle des résidents comme acteurs de changement dans un quartier?
Selon moi, un citoyen doit s’intéresser à ce qui se passe dans l’ensemble de son quartier. Il est important de ne pas laisser toute la place aux gens de pouvoir et aux gens d’influences, dont les intervenants. Si les résidents ne s’impliquent pas, c’est ce qui arrive.
En ce sens, les organismes peuvent jouer un rôle important pour rejoindre et intéresser les résidents aux enjeux locaux.
En tant que personne ayant à cœur son quartier, quels conseils avez-vous à donner pour assurer la relève?
Je réalise souvent à quel point le monde a changé dans le quartier… Souvent, je me rends à un endroit que je connais bien, et je ne reconnais plus personne. Il y a maintenant beaucoup de jeunes et de jeunes enfants dans le quartier.
Cela dit, le défi est de rejoindre ces nouveaux arrivants afin de faire le lien entre la vieille population du quartier et la nouvelle. C’est effectivement un défi, puisque faute de relève, et je le déplore, le groupe citoyen Centre-Sud Debout et le Groupe d’intervention Sainte-Marie (GISM), notre table informelle de concertation du quartier, ont coup sur coup disparu.
Ce qui a été fait dans le passé, il faut le transmettre à la nouvelle population du quartier pour leur donner le goût de s’impliquer. Aussi, si nous ne transmettons pas notre histoire, elle se perd. Après ça, cette relève décidera dans quelle direction elle veut aller et de quelle manière elle veut faire les choses, comme les gens de ma génération l’ont fait au cours de la dernière décennie.
Quel projet de la SEM vous emballe le plus?
Il y en a deux. Le premier, nous en avons parlé, c’est le comité d’action citoyenne et les plantations liées au parc Médéric-Martin.
Le deuxième, ce sont les Forums citoyens organisés par la SEM. J’adore l’idée qu’un organisme puisse mettre l’accent sur l’ensemble du quartier et son bien-être, tout en respectant sa mission. Des forums citoyens comme ceux-là, c’est important pour un quartier. Ça permet à tous les acteurs de ce dernier, dont beaucoup de citoyens, de se rassembler pour toute une journée afin de discuter ensemble des enjeux qui touchent notre milieu de vie, comme le problème de logement.
Quel endroit préférez-vous dans le quartier Sainte-Marie?
Sans surprise, c’est le parc Médéric-Martin. C’est notre parc et nous y sommes très attachés. On l’a remis en beauté, il est chaleureux… Durant la pandémie, les parents ont fait une glissade pour les enfants, l’été il y a des tables de ping-pong, sans compter qu’il y a maintenant des soirées musicales.
Aussi, on en avait rêvé à l’époque et on avait arrêté d’y croire, mais finalement, 10 ans plus tard, les deux parties du parc ont finalement été rattachées ensemble. En effet, la portion de la rue de Rouen qui traversait le parc est maintenant fermée à l’année.
Si le parc était à l’abandon à l’époque, 10 ans plus tard, tout le monde peut être fier du résultat.
Quel est votre plus grand souhait pour Sainte-Marie?
Mon plus grand souhait serait que les gens à revenu modeste et les gens plus vulnérables puissent continuer d’habiter le quartier malgré le problème de logement. Comme résident, nous avons l’impression d’être dépossédés de notre quartier par les promoteurs immobiliers.
Nous avons travaillé tellement fort avec les AmiEs du courant Sainte-Marie, un groupe d’action citoyenne initié par la SEM, sur des projets comme le parc Au-Pied-du-Courant et l’accès au fleuve… Quand tout sera terminé au bord de l’eau, j’aimerais que tous ces gens qui ont voulu ça durant des années soient toujours dans le quartier pour en profiter, parce que c’est certain que ça va être beau.
En terminant, malgré son histoire de cœur avec Sainte-Marie, Yves nous confesse qu’à la suite de sa »retraite citoyenne » à Montréal, ils aimeraient éventuellement, lui et sa femme, poursuivre leur vie dans une plus petite ville, plus tranquille et proche de la nature… Quand même, nous avons de la difficulté à imaginer Sainte-Marie sans lui!
En espérant continuer à travailler ensemble longtemps,
Merci Yves!